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la dame de roestoc.

connu ce que je lui devais, et de l’avoir laissé maltraiter par un affreux nain tel que Groadain. » La dame voulait prendre aussitôt congé ; mais elle céda aux instances de la reine et promit de demeurer au moins huit jours : d’ici-là, il pouvait arriver quelque nouvelle du chevalier qu’elle cherchait.

Elle se mit au lit, sans avertir les gens de sa compagnie du parti qu’elle avait pris de séjourner. Et le lendemain, le nain Groadain allait trouver le sénéchal pour le supplier de lui faire parler à la reine. Il fut introduit, et se jetant aux pieds de la reine : « Dame, ayez compassion du plus malheureux des hommes. Si j’ai dit et fait honte au bon chevalier, ce fut dans l’intention de l’encourager à bien faire. Quand je le vis supporter tranquillement mes injures, je supposai qu’il les méritait et je le traitai comme s’il eût été le dernier des chevaliers. Mais vous, madame, qui avez tout le sens, toutes les bontés du monde, veuillez intercéder pour moi : tout pauvre que je sois de corps, je suis gentilhomme, et je promets, sur le corps-Dieu, de ne plus jamais dire la moindre vilenie à chevalier. — Que puis-je faire pour vous, Groadain ? demanda la reine. — Le voici : madame de Roestoc a résolu de ne s’arrêter qu’après avoir retrouvé son chevalier. Quand elle entre dans une ville, elle me fait attacher par