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lancelot du lac.

un licou à la queue de son palefroi : je suis contraint de suivre à pied son amble ; jugez de ma honte et de mon supplice. Je vous prie, par la pitié que Dieu ressentit pour sa digne mère, d’avoir compassion de moi. » La reine le promit ; et le lendemain, quand la dame de Roestoc vint la voir, elle lui demanda un don : « Volontiers madame ; quel est-il ? — Vous pardonnerez au nain. — Madame, j’ai moins encore à me plaindre du nain que de la nièce, qui ne voulut jamais permettre à son ami de combattre pour ma défense. En ce moment, je pense au chagrin que je lui causerais si, pour délivrer le nain, je l’obligeais à laisser partir son ami en quête de mon chevalier. Mais si je pardonne à l’oncle sans condition, ainsi que vous le souhaitez, vous m’ôtez les moyens de faire dépit à la nièce. — Confiez-vous à moi, dit la reine, et tout ira bien. »

Elle laisse sortir la dame de Roestoc et envoie chercher le nain : « J’ai, dit-elle, obtenu votre pardon, à la condition que votre nièce enverra son ami en quête du vainqueur de Segurade. — Ma dame, répond le nain, je l’en prierai, mais j’ai grand’peur qu’elle ne refuse. »

Il va trouver la demoiselle : « Nièce, je suis condamné à la mort, si vous ne me prêtez Hector et ne le priez d’aller en quête du chevalier. — Plutôt, reprend-elle, renier Dieu et