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lancelot du lac.

de la peine à suivre des yeux leurs prouesses. Mais ils comptèrent trop sur leur bonne fortune : Sagremor, que vous surnommez à bon droit le desréé, s’avançait avec si peu de prudence que je donnai ordre à mes hommes de le soutenir. En les voyant approcher, les deux chevaliers crurent avoir le droit de passer outre le ponceau et furent aussitôt enveloppés. Je vis tomber trois de mes meilleurs chevaliers ; je les regrette moins que la prise de Sagremor et de messire Yvain. »

Après ce récit on s’assit à table et quand les nappes furent levées, on conduisit Hector dans une belle chambre où il se mit au lit. Il dormit peu la nuit, toujours cherchant comment il pourrait délivrer les deux bons chevaliers qu’il ne connaissait pas encore, mais dont il avait souvent ouï vanter les prouesses.

Au point du jour, il entendit le cri qui annonçait l’approche des ennemis, et il demanda ses armes. Mais, avant tout, le seigneur du château voulut recevoir son serment : on le conduisit au moutier, pour y entendre la messe et jurer sur les saints d’être l’homme du seigneur de l’Étroite marche, tant qu’il serait dans le château. Dès qu’il fut armé, il vint avec les autres chevaliers à la porte qu’on leur ouvrit. En avant du pont était une barbacane fermée[1] : les chevaliers de

  1. Var. « bretesche. » La barbacane, dit fort bien