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lancelot du lac.

— Je ne dirai rien. — Demande ce que tu voudras et parle. — Je demande que tu me frappes, si tu veux me faire parler. » En même temps, il saisit le frein du cheval d’Hector et le tire avec violence. Hector perd patience et donne de son pied sur le nain qu’il abat de son roncin. « Maudite l’heure, dit Hector, où je te rencontre, chétive pièce de chair ! il faut que les nains soient nés pour mon malheur. — Tu n’en as pas fini avec eux, » reprit le nain en se relevant, « et tu ferais bien de me tuer, car ma vie sera la fin de la tienne. — Je me soucie peu de tes menaces ; je voudrais seulement savoir pourquoi ces gens-là pleurent ? — Pour un chevalier dont ils sauront bien venger la mort. » Et il fait un récit qui ne laisse pas douter à Hector que celui qu’on porte en bière ne soit le chevalier qu’il avait lui-même tué pour délivrer la dame de Windesore.

La crainte des parents de la victime ne l’arrête pas : il pousse en avant du convoi et salue la compagnie qui ne semble pas le voir. Mais, en passant près de la bière, les plaies du mort se rouvrent et le sang jaillit. Et le nain de crier : « Arrêtez le meurtrier ! » Un des vingt chevaliers qui entouraient la bière regarde les armes d’Hector et reconnaît par elles le chevalier venu au secours de Sinados. Il avertit les autres ; tous s’élancent sur Hector qui porte le premier à