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lancelot du lac.

encore sur les bras, les épaules. Vainement les trois compaignons essaient de le retenir, il se retourne vers eux, tire trois flèches de sa trousse et menace de les frapper s’ils osent avancer. Ils aiment mieux lui céder la place alors, montant sur un de leurs chevaux, l’enfant soulève le lévrier, le place devant lui, le brachet derrière, et c’est ainsi qu’ils arrivent à l’entrée d’une lande où broutait un troupeau de biches[1]. D’un premier mouvement il lève la main pour prendre son arc, et ne le trouvant plus « Ah ! maudit soit le maître, dit-il, qui m’empêche d’atteindre une de ces biches ! » Et tout en regrettant d’avoir manqué une si belle occasion, il arrive au lac, franchit la porte, descend de cheval, salue sa dame et lui montre avec orgueil le beau lévrier qu’il ramène. Mais le maître ruisselant de sang avait déjà fait sa plainte. « Fils de roi, » dit la dame, d’un ton qui voulait paraître irrité, « comment n’avez-vous pas craint d’outrager ainsi le maître aux soins duquel je vous avais confié ?

— Madame, répond Lancelot, il n’a pas rempli sa charge, car il s’est avisé de me reprendre d’avoir bien fait. J’ai souffert qu’il me frappât, mais je n’ai pu voir frapper mon beau lévrier. Le maître a fait plus encore ; il m’a

  1. Une grant herce de biches.