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les enfances.

empêché de tuer une belle biche que j’aurais eu grande joie à vous rapporter. » La dame l’écoute avec un plaisir secret ; mais elle le voit sortir en jetant au maître un regard menaçant et elle le rappelle « Comment avez-vous pu donner un roncin, une venaison qui ne vous appartenaient pas comment n’avez-vous pas hésité à frapper le maître auquel vous deviez obéir en tout ? — Dame, je le sais : tant que je serai sous votre garde, il me conviendra de prendre beaucoup sur moi. Un jour, peut-être, s’il plaît à Dieu, recouvrerai-je ma liberté. Cœur d’homme, je le sens, est mal à l’aise en restant trop longtemps sous la garde des autres ; il doit renoncer parfois à ce qui le ferait monter en prix. Je ne veux plus avoir de maître ; je dis maître, non seigneur ou dame. Mais malheur à fils de roi qui, donnant volontiers ce qu’il a, ne peut donner ce qui est aux autres ! — Comment reprend la dame, pensez-vous que j’aie dit la vérité, en vous appelant fils de roi ? — Oui, dame, je suis fils de roi et j’entends pour tel être tenu. — Enfant, qui vous a dit que vous étiez fils de roi s’est apparemment mépris. — J’en ai grand regret, car je sens bien à mon cœur que je serais digne de l’être. »

Il s’éloignait tristement ; la dame le rappelle encore, et, l’ayant tiré à l’écart, elle lui baise les