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songe de galehaut.

Le cœur opprimé par la honte ou l’injure peut donc retrouver la santé dans la réparation de cette honte ou de cette injure.

« Il est une troisième maladie du cœur à laquelle sont sujets les jeunes gens ; et quand elle est fortement enossée[1], peu de médecins la pourront guérir. C’est le mal d’amour qui se gagne par la surprise des yeux et des oreilles. Le malade, dès qu’il en est atteint, est dans une prison d’où il a grand’peine à se tirer, parce que certaines joies entretiennent sa faiblesse, comme le son des douces paroles de celle qui l’asservit. Mais ici la souffrance surpasse beaucoup les joies ; le malade tremble, soupçonne, se courrouce ; il croit que ses désirs ne seront jamais satisfaits, et qu’il sera constamment menacé de perdre ce qui les excite.

« Voilà les trois maladies du cœur. On guérit de la première par aumônes et prières ; de la seconde en rendant honte pour honte ; mais la troisième est la plus maligne, parce que le malade s’y complaît et n’en demande pas la guérison, préférant ses maux à la santé qu’il a perdue. Dites-nous, sire, laquelle de

  1. Mot vieilli, mais qui a son énergie. Le roi de Navarre l’emploie heureusement dans une de ses chansons :

    Une dolors enossée — Est dedens mon cors.