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la fausse genièvre.

Cependant, après les fêtes de Pâques et par l’effet d’un certain retour sur lui-même, il se plaignit d’être retenu loin de ses barons. « Ah Sire ! fit la demoiselle, ne pensez pas que je renonce à votre compagnie de mon plein gré : une fois rentré dans vos domaines, vous pourriez bien méconnaître votre loyale épouse. Si je vous ai conquis par une sorte de violence, c’est avec l’espoir de vous ramener aux devoirs que sainte Église a consacrés. Je n’ai pas regretté votre couronne ; je vous aimerais plus sans elle que le premier des princes couronnés. — Pour moi, reprit le roi Artus, je n’aime personne autant que vous, et, depuis que je suis ici, j’ai tout à fait mis en oubli celle qui avait occupé longtemps votre place. Je dois pourtant avouer que jamais dame ne montra plus de sens, ne fut de plus grande bonté et courtoisie que cette autre Genièvre, trop longtemps regardée comme ma véritable épouse. Elle a par sa largesse et sa débonnaireté gagné tous les cœurs, les riches comme les pauvres. C’est, disait chacun, l’émeraude de toutes les dames. — Ainsi font, dit la fausse Genièvre, toutes celles qui usent des mêmes artifices ; car elles ont le plus grand besoin d’en imposer. — Cela peut être : mais encore ne puis-je être assez émerveillé de toutes les bonnes