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lancelot du lac.

qualités qu’elle semblait avoir et qui m’ont si longtemps retenu dans le péché. »

Ces entretiens donnaient de grandes inquiétudes à la fausse Genièvre : le roi avait beau témoigner de la plus aveugle passion, elle tremblait que le philtre dont elle usait ne perdît un jour de sa vertu. « Que voulez-vous plus de moi ? lui dit un jour Artus. — Je veux que vous me fassiez reconnaître par vos barons, comme fille du roi Léodagan et votre loyale épouse. — Je le veux bien ; et pour éviter le blâme des clercs et des laïcs, j’entends rassembler les hauts hommes de Carmelide et les amener à vous reconnaître de nouveau pour la droite héritière de Léodagan, pour celle que le roi de Logres a épousée devant sainte Église. Je demanderai ensuite aux barons de Bretagne de confirmer ce témoignage. »

Genièvre applaudit à cette résolution, et le roi indiqua la fête de l’Ascension pour l’Assemblée de Carmelide, en s’engageant à reconnaître devant les barons de la contrée la seconde Genièvre comme véritable reine de Logres. En même temps il envoya vers mess. Gauvain pour lui annoncer qu’il était en bon point d’esprit et de corps, et pour qu’il eût à semondre les barons de Logres de se trouver à ce jour de l’Ascension dans la ville de Carmelide.