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jugement de la reine.

elle avait été, le jour même de son mariage, sur le point d’être enlevée par les parents de la fausse Genièvre[1].

À la Pentecôte, mess. Gauvain ne manqua pas de reparaître avec la reine, et le roi de son côté somma les hauts barons, sur la foi qu’il lui avaient jurée, d’examiner ce qu’on devait faire de celle qu’il avait retenue si longtemps en péché mortel. Les barons de Logres ne pouvaient croire que l’intention du roi fût de la faire juger à mort ; ils se trompaient, Artus ne méritait plus le nom de justicier. L’autre Genièvre s’était jetée à ses pieds, en s’écriant avec force larmes qu’elle se donnerait la mort si l’autre n’était pas condamnée. Artus avait cédé et ne souhaitait plus rien tant que la condamnation de la noble reine.

Mess. Gauvain délibéra avec les barons de Bretagne pour aviser à ce que ferait chacun d’eux. Quant à lui, il était bien résolu de ne jamais siéger dans une cour où la reine aurait été condamnée à la mort. « Mais, dit Galehaut, il faut procéder avec douceur à l’égard du roi : comme il semble vouloir user envers ma dame de la dernière rigueur, demandons un répit de quarante jours. Peut-être que, revenu dans ses terres, il ne sera plus autant

  1. Romans de la Table ronde, ARTUS, p. 239.