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aventures de galeschin.

en vain ; je ne puis laisser volontairement à messire Yvain où à Lancelot l’honneur de châtier le ravisseur de messire Gauvain. » La dame se tut et fondit en larmes. Mais les lits étaient dressés, on apporta le vin du coucher et ils se séparèrent.

Le duc fut longtemps avant de s’endormir. Au matin, comme il se levait, il vit venir à lui sa cousine. « Au moins, dit la dame, ne partirez-vous pas sans recevoir mes recommandations. Je charge un de mes valets de vous mettre dans le droit chemin et de vous accompagner jusqu’en vue du château de Karadoc ; les voies sont tellement croisées que vous ne sauriez de vous-même vous y reconnaître. Quand vous aurez franchi le tertre qui domine le château, vous connaîtrez qu’il en est peu d’aussi forts, d’aussi difficiles à conquérir. Devant la première porte vous trouveriez dix hommes armés ; si vous parveniez à les abattre sachez, qu’en passant outre vous ne laisseriez plus à l’odieux Karadoc d’autre gage que votre tête : jamais chevalier entré de ce côté n’en est revenu. Mieux sera donc pour vous de prendre l’autre voie, celle qui longera le fossé jusqu’à la première poterne : vous y arriverez en passant sur une planche étroite qui vous conduira, non sans danger, de l’autre côté du fossé.