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gauvain et le sénéchal de norgalles.

le versant de la montagne au pied de laquelle avaient été dressées les lices. La femme de Manassès et la demoiselle sa nièce allèrent s’enfermer dans une chapelle voisine, pour prier Dieu d’accorder la victoire au défenseur du bon droit.

Les deux chevaliers prennent du champ et reviennent l’un vers l’autre. Les écus reçoivent le premier choc, les lances éclatent : mess. Gauvain juge, à la rudesse de la première atteinte, qu’il a devant lui un vigoureux champion. « Sénéchal, lui dit-il, demeurons-en là, je vous le conseille. Grand dommage serait pour vous de mourir en péché de mensonge ; sauvez l’âme, si vous en avez plus souci que du corps ; démentez ce que vous avez à tort avancé. Manassès est innocent, je le sais ; je m’engage à faire votre paix avec lui. — C’est à toi, chevalier, répond le sénéchal, de demander merci ; celui qui m’outrera n’est pas encore né. » Ils en viennent donc aux épées ; mess. Gauvain assène au sénéchal un coup qui l’étourdit ; il en frappe un second, et rougit le terrain du sang qu’il fait jaillir des mailles du haubert. Mais il ne se hâte pas d’en finir avec un ennemi dont il aime à suivre la défense désespérée. La foule assemblée sur les fossés était plus impatiente : un sergent va dans le moutier prévenir les dames que le combat se