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lancelot du lac.

étaient si longs, si fins et si mêlés, qu’il avançait lentement. « Coupez-les, pour Dieu ! lui disait la dolente, — Non, demoiselle, ils sont trop beaux ; je m’en voudrais de vous ravir un pareil trésor. » Cependant d’autres chevaliers sortaient du pavillon et lui criaient de se garder ; si bien qu’avant d’avoir dénoué toutes les tresses, il lui faut reprendre son glaive et remonter. Tous se précipitent sur lui, le chargent et le font tomber à côté de son cheval. Il se relève et continuait à bien se défendre, quand un des agresseurs dit aux autres qu’il serait honteux à six cavaliers d’en attaquer un seul à pied. « Donnons-lui du moins le temps de remonter ; nous aurons encore assez d’avantage. »

Après un instant d’hésitation ils reculent, et celui qui les avait retenus s’adressant à messire Yvain : « Par Dieu, chevalier, si vous nous échappez, vous serez de grande prouesse. Changeons de cheval : le mien vaut deux fois le votre, il pourra retarder le moment où vous partagerez le sort d’un autre vassal garotté devant ce poteau. » Il parlait ainsi pour donner le change à ses compagnons ; mais il désirait en réalité délivrer Sagremor ; car c’était le chevalier que Sagremor, on doit s’en souvenir, avait conquis et reçu à merci, la nuit où il avait accompagné messire Gauvain