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la mère de karadoc.

vu plus haut, avait parlé à son cousin Galeschin, duc de Clarence. Si Karadoc ne l’eût pas surveillée de près, elle ne serait pas un jour restée dans cette maudite tour. Or sa fenêtre donnait sur un jardin qui touchait à la noire prison de messire Gauvain. Elle entendit des plaintes et ne douta pas qu’elles ne fussent exhalées par le preux chevalier dont elle avait souvent entendu vanter les prouesses et la prud’homie : « Ah Dieu ! disait le prisonnier, ai-je mérité une fin si cruelle ! Bel oncle Artus, vous gémirez grandement en apprenant mon malheur ! Et vous, mes compagnons de la Table ronde, combien vous regretterez de ne pas savoir ce que je serai devenu ! vous encore plus qu’eux, madame la reine ; vous avant tous, Lancelot ! Puisse au moins Dieu vous maintenir dans votre incomparable vaillance ! Vous pourriez seul m’ôter de ce martyre, si la prouesse y pouvait suffire : mais ce château ne craint nul homme, et le tyran qui le tient est tellement sur ses gardes qu’il échappera sans doute à votre vengeance. »

Ainsi se plaignait mess. Gauvain. La demoiselle qui l’avait écouté descend et avance la tête dans la lucarne de la prison : « Monseigneur Gauvain dit-elle à demi-voix. — Qui m’appelle ? — Une autre victime, une amie