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lancelot chez morgain.

donc pas ; il pourra vendredi se rendre devant la Tour douloureuse. — Hélas ! dois-je vous en croire, vous si déloyale envers lui ! — Je vous le promets sur ma foi de chrétienne. » La demoiselle parut satisfaite du serment et laissa Morgain s’éloigner avec la litière et ne s’arrêter qu’au milieu de la forêt, dans un réduit secret où elle aimait à séjourner.

Alors elle éveilla Lancelot. Avant qu’il ne fût revenu de sa surprise : « Lancelot, dit-elle, vous êtes mon prisonnier ; j’entends vous garder, non pour venger l’outrage que j’ai reçu, mais pour apaiser un plus ancien ressentiment. Vous pourrez cependant vous éloigner, si vous accordez ce que je veux vous demander. — Parlez, dame ; si je puis le faire, j’y consentirai. » Et il lui tend la main droite. À l’un de ses doigts Morgain aperçoit l’anneau que lui avait autrefois donné la reine Genièvre ; à sa main gauche était celui de la Dame du lac. « Je vous demanderai bien peu de chose, lui dit-elle ; donnez-moi l’anneau que je vois à cette main. — Dame, je n’achèterai pas à ce prix ma liberté ; vous n’aurez pas cet anneau sans le doigt qui le retient. — Oh ! je saurai bien l’avoir tout seul. — Non, dame, quand vous emploieriez toutes les conjurations de Merlin. »