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lancelot du lac.

bien, en leur permettant de reprendre les armes et de poursuivre le cours de leurs prouesses. Votre amie a droit d’être fière ; elle est de toutes la mieux aimée. — Dame, répond Lancelot, laissez partir tous ces chevaliers, ou dites ce qui reste à faire pour les délivrer. — Vous avez assez fait, ils sont déjà libres. Mais vous m’avez promis d’amender l’injure que j’ai reçue, et j’entends que vous passiez ici la nuit : demain, je pourrai vous donner congé ».

Les prisonniers délivrés voulurent, avant de quitter le Val sans retour, attendre celui auquel ils devaient leur délivrance. Morgain l’avait conduit dans la plus riche de ses chambres ; mais quand tous furent endormis, elle se présenta devant sa couche et prononça sur lui une conjuration qui le retint dans un sommeil qu’elle seule pouvait rompre. Une litière avait été posée sur deux palefrois tenant bien l’amble : il y fut doucement transporté. Cependant, la demoiselle qui l’avait conduit entend quelque bruit et soupçonne la trahison. Elle saute de son lit à peine vêtue ; mais la litière qui emportait Lancelot était déjà loin : « Ah madame ! s’écrie-t-elle qu’entendez-vous faire de ce preux chevalier ? — Vous est-il de rien, fait Morgain ? — Non, mais nous espérions qu’il délivrerait mess. Gauvain. — Ne vous affligez