nous devons ici laisser Morgain, pour revenir à ceux qui n’avaient pas encore quitté le Val sans retour, ou des faux amants[1].
LXXXII.
uand le jour reparut au lendemain,
les chevaliers de la maison d’Artus
que Lancelot venait de délivrer trouvèrent
leurs chevaux et leurs écuyers disposés au départ ; mais le château, les eaux,
les jardins, les murailles, tout avait disparu. Ils
se voyaient au milieu d’une plaine découverte.
Messire Yvain et Galeschin, étonnés de l’absence
de Lancelot, devinèrent que Morgain s’en
était rendue maîtresse à l’aide de ses conjurations
magiques. Que faire maintenant, et comment
espérer d’arriver jusqu’à messire Gauvain,
sans l’aide de celui qui pouvait seul le
délivrer ? Le duc fut d’avis de ne pas renoncer
à l’entreprise : « Assurément, dit-il, nous
- ↑ Cette histoire des premières amours de Morgain découvertes et troublées par la reine Genièvre, est aussi racontée dans le livre d’Artus. Bertolais est le nom de l’amant congédié, et le même désir de vengeance y décide ce Bertolais à s’attacher à la seconde Genièvre quand elle vient réclamer la place de la première. Le livre de Lancelot ne renvoie pas dans cet endroit à celui d’Artus, et l’on en peut tirer l’induction assez vraisemblable de son antériorité.