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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/314

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lancelot du lac.

l’oreille de sa bouche. « Mon Dieu ! » dit-elle, en poussant un grand soupir, « je me sens malade ; » et elle s’étend comme pâmée. Il tourne la tête pour la regarder ; elle prend son temps et le baise à la bouche. Il se rejette aussitôt en arrière ; peu s’en faut qu’il ne devienne furieux ; il sort du pavillon, il va frotter, laver, essuyer ses lèvres, et cracher à plusieurs reprises.

Et quand il la voit revenir à lui, il saisit son épée suspendue au poteau du pavillon et jure de l’en frapper si elle ne le laisse en repos. Elle sait n’avoir rien à craindre, elle approche les bras tendus. Il s’éloigne à grands pas : « Revenez, dit-elle, chevalier couart : je renonce à vous donner la chasse. Ah ! le plus déloyal des champions ! Quelle honte d’avoir quitté votre lit pour moi, et d’avoir refusé le don que je vous demandais ! — Dieu me garde d’une loyauté qui ferait de moi un parjure ! — Ne suis-je donc pas assez belle ? — Jamais assez, pour celui dont la foi est engagée. »

Alors elle se met à rire : « C’est assez, chevalier, dit-elle, vous n’avez plus à vous garder de moi. Retournez à votre lit, je ne vous y suivrai pas. Apprenez que tous les ennuis que je vous ai causés n’ont été que pour éprouver votre cœur. Je devais obéir à ma