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la demoiselle de morgain.

ne pas plaire à tout le monde. — Vous êtes assurée de plein droit, répond Artus : ceux qui viennent à ma cour sont toujours en ma garde. Parlez.

« — Sire, Lancelot mande salut à vous comme à son droit seigneur, et à tous ses compagnons de la Table ronde. Il vous prie de lui pardonner, comme à celui que vous ne devez jamais revoir. »

À ces mots, Galehaut sentit un froid de glace traverser son cœur ; il eut peine à se soutenir. La reine en fut tellement troublée qu’elle se leva pâle et tremblante : elle ne voulait plus en entendre davantage ; mais la demoiselle en la voyant sortir dit : « Sire, si vous souffrez que la reine s’éloigne, vous ne saurez rien : je ne dirai plus un mot. » Le roi pria donc messire Gauvain d’aller demander à la reine de revenir, et messire Gauvain rentra bientôt avec elle.

« Sire, reprit la demoiselle, quand Lancelot partit de la Tour douloureuse, il eut à combattre un des meilleurs chevaliers du monde, et fut percé d’un glaive à travers le corps. Il perdit beaucoup de sang, il se crut en danger de mourir. Alors il demanda un prêtre et confessa, en sanglotant, l’horrible péché qu’il avait, dit-il, commis envers son droit seigneur. Ce péché était de lui avoir enlevé le