sur l’autre, et plus ils se regardent, plus ils s’entr’aiment. Enfin ils remontent, et chevauchent jusqu’à la première heure de la nuit.
LI.
agremor avait d’étranges habitudes d’esprit et de corps. Quand il était
échauffé, il aurait affronté une armée
entière mais, une fois l’heure du combat passée, il devenait inquiet, timide ; une douleur lui montait à la tête ; il enrageait de faim, et s’il ne trouvait pas à manger, on le voyait en danger de mourir. Ce dérangement, ce trouble dans les humeurs avait justifié le surnom de desréé (démesuré) que lui avait donné la reine Genièvre, un jour que s’étant jeté au milieu des Saisnes et des Irois, il avait occis, l’un après l’autre,
Quinquenart un roi d’Irlande, et Brandaigne
un roi des Saisnes. De son côté, Keu voulant lui faire un reproche de ses défaillances maladives, l’avait surnommé le mort-de-jeun[1].
- ↑ On conte cela dans la partie inédite de l’Artus. Mais voici le passage du Lancelot, que j’ai rendu comme j’ai pu : « si l’i mist ce nom de desréé la reine, très devant Estrechères ; le jor que li xxx chevaliers desconfirent l’ost des Saisnes et des Irois et chacierent jusqu’à l’arc de Vargairice ; là où Sagremor trencha la teste à