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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/355

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tourments de lancelot.

asser les derniers qui se sont présentés ; je sens que j’ai perdu les biens qui étaient en moi ; comme elle était venue, ma prouesse s’en est allée. Elle était empruntée, je la devais à la vertu d’autrui ; de chose empruntée on ne doit pas s’enorgueillir. Dites à la cour du roi ce que vous avez vu, mais ne demandez rien de plus ; vous perdriez vos peines. »

Ils le recommandèrent à Dieu, sans lui avoir parlé du message de la demoiselle de Morgain à la cour du roi, pour ne pas ajouter à ses ennuis. Arrivés à la cour, ils contèrent ce qu’ils avaient vu de Lancelot et ce qu’il leur avait dit. Tous s’en affligèrent, bien que leur chagrin ne pût en rien se comparer à celui de la reine. Lancelot, pensait-elle, aura connu ce que la demoiselle est venue dire à la cour en son nom : c’est apparemment pour cela qu’il ne veut plus paraître devant moi.

Pour le malheureux Lancelot, après être resté longtemps incertain de ce qu’il ferait, il résolut d’aller retrouver Galehaut, le seul qui pût connaître la cause de son désespoir et lui donner la force de supporter la vie. Il croyait à l’abandon de la reine, tel que le songe ménagé par Morgain le lui avait présenté. De toutes ses angoisses, c’était assurément la plus cuisante. Il arriva en Sorelois, tandis que Gale-