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lancelot du lac.

haut le cherchait encore dans la forêt où Morgain l’avait retenu. À force de rêver, il sentit sa raison l’abandonner. La tête se troubla, il répandit des flots de sang. Enfin, devenu forcené, il quitta son lit ensanglanté, s’élança par une fenêtre, emportant son épée. Dans son délire, il s’en prenait aux arbres qu’il déracinait, aux rochers qu’il ébranlait et détachait des montagnes. On le voyait pleurer, embrasser les enfants, leur parler doucement de Dieu, de ce qu’ils devaient apprendre et faire. Ses fureurs ne s’adressaient qu’aux choses insensibles, et quand venait à passer dame ou demoiselle, il s’inclinait, saluait et se détournait en fondant en larmes. Tout le monde le plaignait, personne à son approche n’éprouvait de crainte. Ainsi le laisse cette première partie de son histoire, pour nous parler des derniers jours de son grand ami Galehaut.


LXXXVII.



Galehaut avait appris de messire Gauvain et de messire Yvain tout ce que Lancelot avait dit de ses ennuis et de son désir de vivre oublié dans la plus profonde solitude. Ces nouvelles lui causèrent une grande douleur et une grande joie.