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lancelot du lac.

Sagremor, il le retint dans ses bras. On était à l’heure du premier somme, quand il fallut passer un courant d’eau sur une planche large de trois pieds. Par bonheur la lune luisait. La demoiselle passa d’abord en tenant, du haut de son palefroi, les rênes du second cheval. Sagremor et Gauvain suivirent. À peu de distance de l’autre rive s’élevait une grande et superbe maison où l’on arrivait en passant par un beau verger. La demoiselle les introduisit par une poterne ou porte secrète, en poussant devant elle les deux chevaux ; mess. Gauvain et Sagremor passèrent. « Maintenant, dit-elle, descendez ; voici une étable, laissez-y vos chevaux. »

Puis elle les conduit en silence dans une salle haute : « N’oubliez pas, lui dit mess. Gauvain, que Sagremor n’en peut mais. — Un peu de patience, répond la demoiselle, avancez avec moi jusqu’à cette autre chambre ; c’est la mienne. » La lune qui brillait de tout son éclat y pénétrait par plus de vingt fenêtres. Elle les fait asseoir, les quitte un instant, puis revient avec plusieurs plats couverts et un flacon d’excellent vin.

Peu à peu Sagremor reprend ses forces ; et quand ils eurent tous trois bien bu et mangé, la demoiselle dit : « Messire Gauvain, laissez-moi le soin de Sagremor, vous avez ici mieux à faire. Cette maison appartient au roi de