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notes.
pale. Le romancier eût mieux fait de confier le soin de protéger la reine exilée au bon roi Baudemagus ; en rapportant au temps du séjour de Genièvre à la cour de ce prince la passion de l’orgueilleux Méléagan pour la reine, passion dont le livre suivant va nous entretenir. Il est vrai que dans un des premiers, sinon dans le premier des romans français, on ne pouvait guère espérer de trouver l’observation de toutes les règles du genre : c’est déjà avec une certaine surprise qu’on y reconnaît tant de précieuses qualités dont les romanciers postérieurs ont fait leur profit.
Ainsi l’Amadis espagnol, composé dans le cours du quatorzième siècle, dut à cette première partie trop oubliée du Lancelot, tout ce qu’on y loua le plus, tout ce qu’on en retint le mieux. Si le roi Périon demande à ses astrologues l’explication de ses songes, c’est parce que Galehaut avait fait les mêmes rêves et demande les mêmes explications aux astrologues d’Artus. Le damoisel de la mer reçoit chez Gandale l’éducation du « Beau valet » chez la Dame du lac. L’intervention répétée de demoiselles errantes, les landes, les forêts, les châteaux, les fontaines de l’Amadis, tout cela est emprunté au Lancelot. Urgande la desconnue, protectrice d’Amadis, est la Dame du lac protectrice de Lancelot. Ces deux fées sont amoureuses et ne disent pas celui qu’elles aiment. Languines, roi d’Écosse, arme chevalier le Damoisel de la mer, sans demander qui il est ni comment il se nomme, parce que le roi Artus en avait agi de même avec le Beau valet. Le premier entretien du Damoisel avec Oriane est librement traduit de celui de Lancelot avec Genièvre. L’aventure de Galaor avec la belle Aldene, est l’aventure de Gauvain avec la fille du roi de Norgales. Amadis rêvasse