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lancelot du lac.

bientôt aux oreilles de la trompeuse enchanteresse. Elle demanda si le malheureux chevalier pouvait être mis à rançon. « Demoiselle, répondit le geôlier, ses compagnons assurent qu’il n’a pas sur terre de quoi poser le pied. — Il n’y a donc aucun profit à le retenir. Ouvrez la porte et qu’il s’éloigne ! »

La sortie du château de la Roche donnait précisément sur la tour du roi Artus. Sur la porte, Camille avait jeté un charme : les gens du château pouvaient seuls l’ouvrir et la fermer ; elle résistait à tous les efforts de ceux qui auraient du dehors essayé de la rompre ; et quand les Saisnes y étaient rentrés, ils n’avaient plus rien à craindre de ceux qui les poursuivaient.

Lancelot, au sortir de la Roche, arriva au milieu des tentes et commença par les renverser çà et là. Puis il se jeta sur les Bretons, qui ne le connaissaient pas, ne l’ayant vu que couvert de ses armes, au passage du Gué. Tous s’enfuirent effrayés : il arrive devant le logis du roi ; la reine était aux fenêtres. Elle regarde, entend crier : Au fou ! et reconnaît dans ce fou Lancelot. Ses genoux fléchissent, elle tombe sans mouvement. Quand elle— revient de pâmoison : « J’en mourrai, dit-elle. — Ah ! dit la dame de Malehaut, pour Dieu ! contenez-vous ; peut-être Lancelot feint-il d’être en