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frénésie de lancelot.

frénésie afin de nous revoir. S’il a perdu le sens, il faut essayer de le retenir, nous le guérirons. Je vais aller à lui. » La reine la laisse descendre, en proie à la plus vive douleur mais bientôt, ne pouvant se contenir, elle ouvre, va, vient, retourne aux fenêtres. En ce moment la dame de Malehaut s’approchait de l’insensé qui saisit une pierre ; elle fuit en poussant un cri auquel répond celui de la reine. Lancelot, comme s’il eût reconnu la voix, aussitôt tressaille, se rasseoit et se calme. La reine descend et s’étant approchée : « Levez-vous, » dit-elle, et il se lève. Elle le prend par la main, l’emmène en une chambre haute. « Quel est ce pauvre homme ? demandent les dames. Le meilleur chevalier du monde, dont le sens est troublé : mandez Lionel, peut-être l’entendra-t-il. » Lionel arrive et tend les mains vers lui. Lancelot paraît se réveiller et s’élance furieux. Pourtant la reine ne le quitte pas. La nuit venue, elle défend d’allumer les cierges : « La clarté, dit-elle, lui ferait mal. » Elle détache le bliau de Lancelot, le conduit au lit et se tient à ses côtés. Et ceux qui la voient pleurer attribuent sa grande douleur à la prise du roi.

Les jours, les mois passent sans produire le moindre changement dans la forcenerie de Lancelot et dans les douleurs de la reine. Un jour