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lancelot du lac.

vrez la porte, dit la dame, et laissez-le venir. » La reine conte auparavant comment on avait espéré de le guérir, jusqu’au moment où on lui avait ôté l’écu qu’il avait à son cou. On rouvre la porte, Lancelot arrive d’un bond, et la dame le prend par le poing en l’appelant le Beau trouvé, nom qu’on lui donnait autrefois au Lac[1]. En entendant ce nom, il s’arrête tout honteux. La dame fait apporter l’écu. — « Ah ! Bel ami, lui dit-elle, je viens ici de bien loin pour votre guérison. » Dès qu’elle a passé l’écu à son cou il rentre dans son bon sens. La dame le prend par la main et le fait asseoir sur la couche ; il la reconnaît et répand un torrent de larmes, à la grande surprise de la reine qui ne devine pas encore ce que la dame peut être. « Dame, dit Lancelot, je vous prie d’ôter cet écu, il me fait souffrir mortellement. — Non, pas encore. Qu’on m’apporte un onguent, » dit-elle à ses chevaliers. Quand on le lui a présenté, elle en mouille ses pieds, ses bras, ses tempes et son front. Le malade s’endort, et la dame revenant à la reine : « À Dieu, reine, soyez-vous recommandée ! je m’en vais ; laissez dormir le chevalier tant qu’il voudra. Dès qu’il se réveillera vous disposerez un bain, vous l’y

  1. Tome Ier, p. 27.