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frénésie de lancelot.

puis-je mourir avec eux, puisque ma dame est loin ! » La reine le prend dans ses bras : « Bel ami, me voici, je suis près de vous. » Il ouvre de grands yeux, la reconnaît. « Ah ! dame, dit-il, qu’elle vienne quand elle voudra, puisque vous êtes ici ! » Et toutes les dames ne devinent pas que c’est de la mort qu’il entend parler. « Beau doux ami, reprend la reine, me reconnaissez-vous ? — Dame, je vous dois connaître, au grand bien que vous m’avez fait. » On le croit alors guéri. C’est à qui lui demandera comment il se trouve et ce qu’il avait eu. Mais il ne peut en rien dire et fait d’inutiles efforts pour se tenir levé. Il se regarde et voyant l’écu qu’on lui a passé au cou : « Dame ! s’écrie-t-il, ôtez moi cela. » Dès qu’on l’a ôté, il saute, court et redevient forcené comme auparavant.

En ce moment entra dans la salle une belle et gente dame, vêtue d’un drap blanc de soie, accompagnée de pucelles, de chevaliers et sergents. La reine surmontant son désespoir soulève la tête, la salue et la fait passer dans une chambre voisine où elles s’assoient sur une couche. Au nom de Lancelot que la dame prononce, la reine va fermer la porte : « Qu’est-ce ? dit la dame. — Un sujet de grande douleur ; le meilleur chevalier du monde tombé dans la plus cruelle frénésie. — Ou-