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prouesse de lancelot.

descendants avaient conservé[1]. Il atteint de son glaive le premier Saisne qu’il rencontre et le jette mort sous le ventre de son cheval. Le glaive rompu, il sort du fourreau la bonne épée d’Artus[2], il renverse chevaux Saisnes et Irois ; tranche les heaumes, les écus et les bras, à droite, à gauche : rien ne lui résiste, et bientôt personne ne l’ose attendre. On eût dit un ardent limier au milieu des biches qu’il déchire de ses coups de dents, non pour apaiser sa faim, mais pour s’enorgueillir de l’effroi qu’il inspire. Les Saisnes disaient : « Ce n’est pas un homme de la terre, c’est un habitant du ciel envoyé pour nous détruire. »

Les Bretons, revenus de leur premier effroi, s’étaient ralliés autour du pennon de la reine ; les Saisnes pensent qu’il arrive à leurs ennemis une nouvelle armée à laquelle ils ne peuvent résister. Ils fuient de toutes parts. Mess. Yvain devinant que Lancelot est arrivé, disait : « Voilà le seul chevalier vraiment digne de porter ce nom ! Nous ne sommes près de lui

  1. L’ancienne Clarence était un château féodal dont les ruines sont encore visibles dans le bourg de Clare (province de Suffolk, sur les confins du comté d’Essex). De ce château tirent leur nom les ducs de Clarence.
  2. Ce n’est pas Escalibur qu’il avait cédée à Gauvain, ni Marmiadoise qu’il avait conquise sur le roi Rion. On a vu plus haut qu’elle se nommait Sequence.