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lancelot du lac.

que des écuyers et sergents. » Alors les plus couards commencent à faire plus d’armes que n’en avaient fait jusque-là les meilleurs. La chasse se poursuit avec furie : Lancelot joint le plus grand des rois ennemis, l’énorme Hargodabran, frère de la belle Camille. En s’entendant défier, il tremble pour la première fois de sa vie, de ses éperons il rougit les flancs de son cheval. Lancelot l’atteint de nouveau, lui ferme passage. L’épée haute et l’écu rejeté sur le dos, il saisit d’une main les crins de son cheval et de l’autre tranche la cuisse gauche du mécréant. Hargodabran tombe en laissant sa jambe dans l’étrier, et Lancelot, au lieu de l’achever, passe outre, tandis que mess. Yvain approche du moribond : à la vue de cet énorme membre séparé du tronc : « N’est pas sage, dit-il, qui se joue à tel chevalier. C’est vraiment le fléau de Dieu. »

Hargodabran fut reporté aux tentes bretonnes. À peine y fut-il déposé qu’il saisit un couteau et le plongea dans son cœur. Pour Lancelot, il avait chassé les Saisnes jusqu’à l’étroite chaussée qui partait de la rivière et qu’on appelait le détroit de Gadelore. Les Saisnes virent alors qu’ils avaient été mis en fuite par un seul chevalier : ils se reformèrent, se massèrent à l’ouverture de la chaussée, attendant résolument Lancelot qui, les bras rouges