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L’ŒUVRE.

il fait d’un sujet galant le prétexte d’une sorte d’encyclopédie. Il n’a pas la vigueur et la verve bourgeoise de Clopinel ; mais il a plus d’élévation, plus de charme, plus de finesse, et il écrit avec plus de soin du détail, bien qu’il n’échappe pas à la platitude, ni aux décourageantes chevilles que tout le moyen âge a trop facilement tolérées. Avec ses défauts et ses grandes qualités, il aurait certainement frappé l’écolier parisien si celui-ci avait pu le lire ; mais il n’est pas probable qu’il en ait eu le moyen : l’œuvre immense de Martin Le Franc, copiée dans des manuscrits de luxe, ne se trouvait que dans des bibliothèques de grands seigneurs où Villon n’eut que bien passagèrement accès.

On vient de voir combien la poésie amoureuse, plus ou moins lyrique, était mêlée de près à la poésie didactique. C’était dû en grande partie à l’influence du Roman de la Rose influence qui n’avait cessé de s’exercer depuis la première apparition de l’œuvre des deux poètes Orléanais du xIIIe siècle : là, en effet, grâce surtout à Jean de Meun, une donnée proprement lyrique et amoureuse s’était de plus en plus développée dans le sens didactique. Et il avait été convenu dès lors que toute poésie devait enseigner. Une masse considérable de poèmes moraux, généralement de petite dimension, formait la lecture habituelle des gens du monde comme des lettrés. Il serait fastidieux de les énumérer. Bornons-nous à dire que deux thèmes principaux revenaient sans cesse dans cette littérature : des considérations sur la puissance et les vicissitudes de la fortune et des réflexions sur l’inéluctabilité de la mort. Ce second ordre d’idées