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L'ŒUVRE.

qui ne ressemblait en rien à la figure réelle de ces deux chanoines aussi opulents que vieux.

J'ai parlé plus haut (p. 54) de ce qui dans le poème est étranger aux legs eux-mêmes; ceux-ci en forment le noyau et en occupent plus des deux tiers. Ils en firent aussi le succès. Qu’on juge des rires que durent soulever ces huitains empreints d’une gaieté folle, où la fantaisie la plus libre se jouait, sans grande méchanceté, aux dépens de gens des conditions les plus diverses, mais se connaissant et habitués à se rencontrer ! Le malicieux écolier avait disparu après avoir allumé la mèche de son feu d'artifice ; mais son œuvre passa vite de mains en mains. Il l’avait intitulée les Lais de maistre François Villon ; mais en somme c'était bien un testament, qui commençait par : « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit », et n'était inachevé, d'après le poète, que par suite d’un accident. Aussi fut-ce sous ce nom de Testament que le poème circula et fut généralement désigné. Villon le dit dans le Testament :

Si me souvient bien, Dieu mercis, Que je fis, a mon parlement, Certains lais, l'an cinquante six. Qu'aucuns, sans mon consentement, Voulurent nommer Testament : Leur plaisir fut, et non le mien.

Ce fut sans doute cette désignation même qui l'engagea à reprendre l'idée seulement esquissée dans son premier poème et à lui donner cette fois un développement complet. Il se représente dans son lit, près de la mort, avec son clerc « Fremin l'étourdi »,