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FRANÇOIS VILLON.

qui l’entend « s’il ne dort », et auquel il dicte ses dernières dispositions. Il commence encore par une invocation solennelle de la Trinité ; puis, à l’exemple des testaments de ce temps, il laisse son âme à Dieu en la recommandant à la Vierge, son corps « à notre grande mère la terre », nomme en tête de ses légataires, comme la première fois, maître Guillaume de Villon, puis sa « pauvre mère » et sa « chère Rose », qu’il traite bien moins galamment qu’il n’avait fait dans les Lais, et en l’honneur de laquelle il insère néanmoins la médiocre ballade dont il a été parlé plus haut. Vient ensuite le long défilé des legs, terminé cette fois, comme l’était alors le testament de tout personnage de marque, par l’institution d’exécuteurs testamentaires et par l’ordonnance des funérailles. Pour la répartition des pouvoirs entre les divers exécuteurs de ses volontés, il prend les précautions les plus minutieuses : Jean de Calais, « honorable homme », — qui d’ailleurs ne l’a jamais vu et ne connaît pas son nom, — sera chargé d’ôter toutes les difficultés qu’on pourrait trouver dans le testament.

De le gloser et commenter,
De le deffinir et descrire,
Diminuer ou augmenter,
De le canceller et prescrire…

Et s’aucuns, dont n’ay cognoissance,
Estoit allé de mort a vie[1],
Je vueil et lui donne puissance…
Que ceste aumosne ailleurs transporte
Sans se l’appliquer par envie :
A son aine je m’en rapporte.

  1. Voir ci-dessus, p. 65, n. 3.