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FRANÇOIS VILLON.

digne de mort s’il faisait le mal….. Ce sont là des rêves dangereux, et on prévoit que, n’ayant pas trouvé d’Alexandre, et n’étant pas résolu à s’en passer, il recommencera sa vie d’autrefois en se donnant la banale excuse :

Nécessité fait gens mesprendre
Et faim saillir le loup du bois.

Mais si nous ne trouvons pas dans le Testament la preuve d’un amendement véritable, nous y trouvons la marque de bonnes dispositions passagères, et, au milieu de tant de souillures, cette enfantine piété, surtout pour Notre-Dame, que lui avait enseignée sa mère et qu’il retrouvait en ses plus mauvais jours :

Autre chastel n’ay, ne fortresse,
Ou me retraye[1] corps et ame
Quant sur moi court male destresse.

Ainsi le poète se montre à nous tout entier, dans sa personne physique, dans l’inquiétude et la pauvreté de sa vie, dans la naïveté de ses convoitises, dans l’amertume de ses regrets, dans l’inconséquence de ses velléités, dans toute la faiblesse et tout le trouble de son âme. Il est parfois cynique, il est toujours sincère, et comme, après tout, bien qu’avec d’innombrables degrés dans la chute, d’innombrables nuances dans la tentation, ce qui se passe dans son cœur, ce qui se débat entre sa faiblesse et sa volonté, entre sa conscience et sa passion, entre sa raison et son instinct, se passe et se débat dans tous les cœurs humains, ce drame intime, qui nous a rarement été

  1. Où je puisse me réfugier.