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L'ŒUVRE.

et dans la « ballade de conclusion », qui est une autre épitaphe, il nous jure — à la vérité sur une singulière relique — qu’il est mort martyr d’amour, que son exil est dû à la haine de celle qu’il aime, et que,

….. en mourant, malement
L’espoignoit[1] d’Amour l’esguillon.

Evidemment dans tout cela il y a de la « littérature », et beaucoup : c’était alors, — c’est peut-être encore, sous une autre forme, — inévitable en ce sujet ; mais il y a aussi une part de vérité : le poète avoue l’attrait qui l’entraîne vers les femmes, le mépris que lui ont inspiré pour elles les expériences qu’il a faites, et nous laisse voir cependant qu’il a éprouvé au moins une fois en sa vie un sentiment autre que ceux que méritaient et Margot et Macée et même sa « chère Rose ».

Revenons à l’état plus général de l’âme du poète, tel qu’il nous le fait connaître. Il regrette ses péchés et il avoue ses méfaits, tout en les excusant sur sa pauvreté. Il espère encore arriver à maturité et rappelle que Dieu veut la conversion et non la mort du pécheur. Mais son idéal est toujours de « vivre à son aise », et on ne trouve plus dans le Testament ce ferme propos de s’amender et de devenir « un homme de valeur » qui se manifestait dans le « débat » de la prison de Meun. Il vit dans l’espoir vague de rencontrer, comme le pirate dont il raconte l’histoire, un Alexandre qui le mette pour toujours à l’abri du besoin, et alors, oh ! alors, il se jugerait lui-même

  1. Le piquait.