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FRANÇOIS VILLON.

beau zèle a d’ailleurs un stimulant sans lequel il se serait peut-être moins étalé : il s’agit de maintenir intacte l’autorité de l’Art poétique : « N’amendons pas le jugement de Boileau ! ». Des appréciations analogues à celles qui précèdent étaient formulées dans les histoires de la littérature française de Géruzez et de Demogeot et dans des histoires de France comme celle de Henri Martin : Villon devenait classique.

En cette qualité il était naturel qu’il fournît le sujet d’une thèse de doctorat : c’est ce qui arriva en 1859. Le livre d’Antoine Campaux, François Villon, sa vie et ses œuvres, est très digne d’éloges dans sa partie littéraire (la partie biographique ne contient rien de nouveau, et la partie critique est faible[1]. Je lui ai emprunté plus d’une indication et même plus d’une remarque, et il méritera toujours d’être lu. L’auteur aimait son héros : il s’était pris pour lui d’une affection presque ingénue, que Sainte-Beuve, dans l’article qu’il consacra à son livre, a caractérisée par un charmant apologue. Cet article est curieux : Sainte-Beuve n’avait pas jadis — et il le reconnaissait sans doute en lui-même — donné, dans son Tableau de la poésie au XVIe siècle, une place assez importante à Villon, ni marqué sa physionomie d’un trait assez fouillé. Il est clair qu’il en veut un peu à ceux qui agrandissent, excessivement à son avis, cette place,

  1. Campaux a notamment eu le tort, non seulement d’accepter comme authentiques des pièces qu’un éditeur du xVIe siècle avait jointes (non sans les en distinguer) aux œuvres de Villon, mais d’extraire de divers recueils une série de ballades, rondeaux, etc., qu’il attribue sans raison à notre poète, et qui ont traîné ensuite dans plusieurs éditions.