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LE SUCCÈS.

Montaiglon avait raison. Ce qu’on a écrit depuis sur Villon ne fait que reproduire, avec des variantes et des nuances personnelles, le jugement d’ensemble dont il avait résumé les traits, en les accentuant seulement un peu plus que ne l’ont fait quelques-uns de ses successeurs ; M. Bijvanck, toutefois, est allé plus loin encore dans l’enthousiaste admiration de notre vieux poète[1]. Mais les auteurs des plus récentes histoires de la littérature française, — parmi lesquels je citerai seulement MM. Lanson, Brunetière, Petit de Julleville en France, Saintsbury en Angleterre, Suchier en Allemagne, — ont tous exprimé sur la poésie de Villon une opinion analogue, et je n’ai fait moi-même, avec quelques restrictions, que la développer dans les pages qu’on a lues plus haut.

Le succès d’un poète ne se mesure pas seulement aux jugements que portent de lui les critiques : il est plus sensible encore dans l’influence que ce poète exerce sur les poètes qui viennent après lui. Celle de Villon fut considérable dès l’abord et elle n’a pas cessé d’agir. Tandis que les poètes officiels de son temps s’abstiennent, comme on l’a vu, de le mentionner, tout une famille poétique, aussitôt que ses œuvres se répandent, vient se grouper autour de lui. De ces imitateurs, chacun, dans la poésie si complexe et si changeante du maître, prend et développe le trait qui lui convient. A peine la ballade des « folles amours » avait-elle paru que

  1. Un autre critique néerlandais, M. A. Van Hamel, a tracé de Villon un portrait plein de vie et fort bien apprécie son œuvre.