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FRANÇOIS VILLON.

Guillaume Alexis lui empruntait son refrain : Bienheureux est qui rien n’y a, pour la moitié des quatrains de son Débat de l’homme et de la femme (l’autre moitié ayant le refrain contraire : Malheureux est qui rien n’y a). D’autres, assez nombreux, ont imité et varié plus ou moins heureusement le cadre ingénieux du « testament » poétique. Tout un groupe de rimeurs, dont quelques-uns ne manquent pas de talent (par exemple l’auteur inconnu de la Résolution d’amours), ont pris à Villon sa façon de traiter l’amour, ce mélange d’adoration et d’ironie, cette attitude successivement extatique, déçue et injurieuse. Le côté bohème de sa vie et de son œuvre a inspiré des livres comme les Repues franches, Pierre Faifeu, et sans doute aussi, et cela de très bonne heure, la farce immortelle de Patelin. Mais c’est la manière même de Villon, surtout dans la partie descriptive, plaisante et satirique de ses poèmes, que nous retrouvons, avec la marque distincte de la personnalité de chacun des auteurs, dans le charmant monologue du Franc Archer de Bagnolet (1468), dans les petites pièces de Henri Baude, dans les œuvres basochiennes de Coquillart et, plus tard, de son disciple Roger de Collerye.

Tous ces « hoirs Villon », comme dit une pièce du temps (en parlant, il est vrai, de pauvres diables et non de poètes), lui ressemblent par quelque côté ; mais leur imitation est presque inconsciente : elle est pour ainsi dire dans l’air du temps ; elle se produit et se continue d’elle-même. Il en est autrement quand nous arrivons à Clément Marot. Marot est d’une tout autre génération et sort, originairement,