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LE SUCCÈS.

alterné Margot el la Vierge Marie, et qui sut, comme l’ancien, conserver au milieu de son « ordure » une fleur de rare poésie. M. Jean Richepin, moins spontanément, mais avec une connaissance plus intime, l’imita dans ses œuvres volontairement triviales et le proclama comme son maître et son modèle ; il termine sa « ballade Villon » par cet Envoi :

Prince, arbore ton pavillon,
Et tant pis pour qui te renie,
Roi des poètes sans billon.
Escroc, truand, marlou. Génie !


La plus étonnante des fortunes posthumes de maître François, c’est d’avoir été adopté, il y a une quarantaine d’années, par l’école anglaise qui, groupée autour de Rossetti, inaugurait en même temps ou renouvelait le mysticisme, le symbolisme et l’« esthétisme ». Il se fonda une Villon Society, — qui, il faut le dire, abrita parfois sous ce pavillon une cargaison assez suspecte ; — M. John Payne a traduit avec un remarquable talent l’œuvre entière de l’écolier parisien, dont Rossetti lui-même, M. A. Swinburne et d’autres mirent aussi quelques ballades en vers anglais el imitèrent plus d’une fois l’inspiration et la manière[1]. Certes il ne se doutait pas, quand il priait pour l’âme du bon feu Cotart ou qu’il mettait

  1. On ne saurait parler du succès de Villon en Angleterre sans rappeler les belles études dont il a été l’objet de la part de Sir Walter Besant (dès 1868) et de M. Andrew Lang, el la vigoureuse eau-forte — un peu trop poussée au noir seulement — de Louis Stevenson, qui est d’ailleurs moins littéraire que biographique (elle fut écrite à propos du premier livre de M. Longnon).