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LA VIE.

Par cayers est sous une table :
Combien qu’il soit rudement fait,
La matière est si très notable
Qu’elle amende tout le mesfait[1].


Le mot « roman », — qui à l’origine désignait tout ouvrage écrit en français, — ne s’employait plus guère au xve siècle qu’au sens moderne de fiction en prose (sauf dans le titre, traditionnellement conservé, du Roman de la Rose). L’expression « par cahiers », et la plaisanterie des derniers vers, imitée des formules habituelles aux auteurs de romans en prose de I époque, conduisent à la même conclusion. L’ouvrage de Villon, qu’il ne publia pas et qui s’est malheureusement perdu, était sans doute une sorte de chronique burlesque où figuraient les principaux héros de la guerre soutenue par les écoliers contre les bourgeois et la prévôté. C’est pendant cette guerre que Villon dut faire connaissance avec « mademoiselle de Bruyères », dont il raillait quelques années plus tard les sermons d’inspiration biblique.

On a remarqué aussi que toute une série des plaisanteries de Villon roule sur ces enseignes parisiennes qui avaient joué un si grand rôle dans les divertissements « détestables » des écoliers de 1453. Il s’amuse dans ses Lais (1456) à léguer à ses compagnons quelques-unes des plus célèbres. Cette veine de facéties se retrouve dans le Testament, mais beaucoup moins accentuée.

Ces années étaient précisément celles où le jeune maître ès arts aurait dû travailler le plus sérieuse-

  1. Qu’elle compense tous les défauts de l’exécution.