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FRANÇOIS VILLON.

ment. Sa participation aux folles équipées de ses camarades et la longue cessation des cours contribuèrent à le jeter dans le désordre. Il passait son temps à vagabonder par les rues de son cher Paris, qu’il connaissait dans tous ses recoins et sous tous ses aspects. Rien qu’à relever les rues, places ou monuments cités dans le mince recueil de ses poésies, nous obtenons toute une topographie parisienne du temps et nous pouvons le suivre dans sa vie errante. Nous le voyons au matin dans sa petite chambre du cloître Saint-Benoit, d’où il entendait sonner la cloche de Sorbonne. Il n’y séjournait guère sans doute, et passait plus de temps à la taverne de la Mule, située presque en face. Il errait dans le quartier latin, de la place Maubert, où s’élevait la maison des Carmes, jusqu’au couvent des Chartreux, à Vauvert. Mais bien souvent il franchissait, non sans quelque serrement de cœur, la voûte du Petit-Châtelet, passait le Petit-Pont, où il écoutait les harangères, et, après avoir jeté un regard à l’Hôtel-Dieu, s’arrêtait, quand il avait de l’argent, à la Pomme de pin, la célèbre taverne tenue par Robin Turgis (dans la rue de la Juiverie), où il entamait quelque furieuse partie de dés, à moins qu’il n’entrât en face, au Trou Perrette, faire une partie de paume, ou, plus souvent peut-être, qu’il n allât rendre visite à la grosse Margot, non loin du cloître Notre-Dame. Puis, passant le Pont au Change, il débouchait, de la sombre voûte du Grand-Châtelet, sur la rive droite, faisait une station, sur la place de Grève, à la taverne du Grand Godet, remontait jusqu’à la tour de Billy et au couvent des Célestins (près