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FRANÇOIS VILLON.

célèbre, en passant par Jeanneton, par Catherine de Vausselles, dont la trahison lui avait valu un beau jour d’être battu « comme le linge au ruisseau », par Denise, qui l’avait (en sa qualité de clerc) assigné en cour d’Eglise pour l’avoir injuriée, et par sa « chère Rose », qu’il avait aimée follement, mais qui préférait au cœur du poète

Quoi ? une grant bourse de soie,
Pleine d’escus, parfonde et large.

A la catégorie de Margot, quoique peut-être d’un ordre un peu plus relevé, appartenaient encore Marion l’Idole et Marion la Peautarde, pour laquelle on faisait des chansons, et la grande Jeanne de Bretagne. Particulière aux mœurs du temps (mais on la retrouve encore chez Régnier) était la condition de demi-prostitution où vivaient, avec la tolérance plus ou moins consciente de leurs maris, de petites bourgeoises comme la belle gantière, la gente saucissière. Blanche la savetière, Guillemelte la tapissière, Catherine la boursière et Jeanneton la chaperonnière, toutes émules de la belle heaumière, dont Villon a exprimé les regrets sur sa décadence avec un si saisissant réalisme. Toutes ces femmes étaient de celles qui « n’aiment que pour l’argent » et que « l’on n’aime que pour l’heure ».

Mais le poète, tout en se livrant à ces amours vulgaires où l’entraînait l’ardeur de ses sens, paraît avoir eu en ces années un amour sérieux, qu’il garda longtemps dans son cœur. Le chantre cynique de Margot a trouvé les traits les plus délicats pour peindre ces doux entretiens où il se complaisait