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LA VIE.

lumineuse et changeante. Déjà certainement il avait composé quelques ballades, et il s’était fait parmi les écoliers une double réputation par ses bons tours et par ses vers.

Ainsi vivait maître François de Montcorbier, dit Villon, en 1455, lorsqu’il lui survint une aventure à laquelle il ne fait allusion dans aucune de ses poésies[1], et que nous ne connaissons que par des pièces de chancellerie, aventure qui eut pour lui des conséquences graves et commença la phase vraiment caractéristique de sa vie. En elle-même, bien qu’elle ait entraîné mort d’homme, elle est pardonnable, et paraît rentrer dans le cadre assez vulgaire des rixes que provoqua de tout temps la teterrima belli causa du poète latin.

C’était le jour de la Fête-Dieu (5 juin) 1455. Villon, ayant soupe, était sorti du cloître Saint-Benoit, où il logeait, comme on sait, et était venu s’asseoir dans la rue Saint-Jacques, sur un banc de pierre, au-dessous du portail de l’église Saint-Benoit. Il était accompagné d’une femme appelée Isabeau — à joindre à la liste donnée ci-dessus — et d’un prêtre nommé Gilles, qui ne craignait pas, comme on voit, de se montrer en telle compagnie. On devisait, quand, sur les neuf heures, survint un autre prêtre, Philippe Sermoise, qui avait probablement des prétentions sur Isabeau, et qui se mit à menacer l’écolier. Isabeau et Gilles, voyant la fureur de Sermoise, s’enfuirent bravement, ainsi qu’un ami qui accompagnait Sermoise,

  1. Voir cependant plus loin, p. 122, n. 2.