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FRANÇOIS VILLON.

et celui-ci, tirant de dessous sa robe une dague, en frappa Villon au visage et lui fendit la lèvre ; François tira à son tour une dague de dessous son manteau et en porta à son adversaire un coup dans l’aine, dont ni l’un ni l’autre ne comprit d’abord la gravité ; l’ami de Sermoise, qui s’en était allé, revint à ce moment et désarma Villon ; l’écolier s’enfuit jusque dans le cloître, et là, poursuivi par les deux hommes, jeta au prêtre un pavé qui l’étendit tout de son long. Après quoi il se rendit chez un barbier pour se faire panser, et comme le barbier lui demandait, pour en faire, ainsi qu’il y était obligé, rapport à la prévôté, son nom et celui de son adversaire, il nomma bien Philippe Sermoise, mais déclara, par prudence, s’appeler Michel Mouton. Puis, ayant fait peut-être une courte apparition chez sa mère pour lui raconter son cas, il « s’absenta » de façon à se mettre à l’abri des premières recherches de justice.

Cependant Philippe Sermoise, relevé et transporté à l’Hôtel-Dieu, y mourait peu après « par faute de bon gouvernement ou autrement », — suivant la formule habituelle et plaisamment atténuative des lettres de rémission, — et déclarait, avant d’expirer, qu’il pardonnait à son meurtrier « pour certaines causes qui à ce le mouvaient ».

Par une bizarrerie qu’expliquent sans doute les subterfuges divers dont usa le poète pour obtenir sa grâce, nous avons deux lettres de rémission accordées, pour ce même homicide, l’une à maître François des Loges, autrement dit « de Villon », l’autre à « François de Montcorbier, maître es arts ». Elles sont assez d’accord sur les circonstances de