Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
FRANÇOIS VILLON.

contre lui, pour une raison quelconque[1], une nouvelle sentence de bannissement, prononcée comme la première par défaut, contre laquelle il appela, sans d’ailleurs comparaître, et que le duc d’Orléans l’ait fait mettre en prison. C’est du moins ce que l’on peut conclure de certains passages des deux pièces, — fort indignes de lui, — qu’il consacra à la naissance (19 décembre 1457) de Marie, fille du duc. Dans la première, qu’il a gentiment signée

Vostre povre escolier François,


au milieu des louanges hyperboliques dont il accable la nouveau-née, il lui dit qu’elle est venue au monde

Pour les discordez ralier
Et aux enclos donner issue[2],
Leurs liens et fers deslier :


il s’agit d’une de ces mesures de clémence auxquelles donnaient lieu les événements heureux survenus dans la famille des princes, et dont le poète devait encore bénéficier quatre ans plus tard.

Voilà pour la prison ; quant au bannissement, il est clairement indiqué dans l’autre pièce par les vers suivants :

Rappelez ça jus par deçà
Les povres que Rigueur proscrit
Et que Fortune bestourna[3] ;
Si sai bien comment il m’en va :
De Dieu, de vous vie je tien...
Ci, devant Dieu, fais cognoissance
Que créature fusse morte,
Ne fust vostre douce naissance,

  1. Peut-être à la suite des révélations du prêtre qui avait reçu les confidences de Tabarie.
  2. Donner sortie aux gens enfermés.
  3. Mit sens dessus dessous.