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FRANÇOIS VILLON.

débutant par le vers donné, et il réussit aussi bien que pas un des autres dans le jeu puéril qui était imposé aux concurrents. Il semble même qu’il ait songé mélancoliquement à sa propre destinée en écrivant tel ou tel vers de sa ballade, à laquelle il avait donné pour refrain :

Bien recueilli[1], débouté[2] de chascun !


N’est-ce pas l’image de sa vie ? Et l’hémistiche : « Je ris en pleurs » n’est-il pas, comme on l’a remarqué, celle de toute sa poésie ? Mais toutes ces contradictions bizarrement entrechoquées se terminent par un vers de l’Envoi, adressé au «  prince clément », qui présente au contraire une requête fort positive :

Que fais je plus ? quoi ? les gaiges ravoir.

La « ballade Villon » et ses deux pièces sur la naissance de Marie d’Orléans furent ajoutées au manuscrit ducal ; mais on ne voit pas que la prière du poète ait été exaucée. Il dut reprendre son bâton de voyage et se mettre en route. Il commença des pérégrinations qui le menèrent dans plus d’un coin de la France, tant, nous dit-il dans son langage pittoresque,

Tant que d’ici a Roussillon
Brousse n’i a ne broussillon
Qui n’eust, ce dit il sans mentir,
Un lambeau de son cotillon.

Par ce Roussillon il faut entendre la ville dauphinoise de ce nom, qui appartenait alors au duc de Bourbon. Villon, nous l’avons vu, était par son père

  1. Accueilli.
  2. Repoussé.