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LA VIE.

d’origine bourbonnaise, et il paraît avoir cherché, quand il perdit la faveur du duc d’Orléans, un nouveau protecteur dans le duc Jean Ier, qui venait de succéder à son père. Il est probable que c’est Moulins, résidence du duc, qu’il désigne quand il dit dans son Testament que, « au plus fort de ses maux », comme il « cheminait sans croix ni pile », Dieu lui

……monstra une bonne ville
Et pourveut du don d’espérance :

Espérance était la devise des Bourbons, et le poète joue ici sur les mots, suivant son usage. Nous savons en tout cas sûrement que le duc lui « prêta » six écus, et nous avons une très jolie ballade, qui doit remonter à 1458, dans laquelle, l’appelant « le mien seigneur », il lui demande de renouveler ce prêt et lui promet de le payer quelque jour :

Vous n’y perdrez seulement que l’attente !

Malgré les bonnes relations qu’atteste le ton de cette pièce, Villon, soit par inquiétude naturelle, soit à la suite de quelque nouvelle incartade, ne resta pas auprès du duc Jean. Nous ne pouvons rien dire sur ses courses errantes, si ce n’est qu’elles durent être poussées, au hasard, de tous côtés[1] : nous savons par lui qu’il visita le Berry, où il trouva sans doute encore vivant l’odieux souvenir de Taque Thibaud, où il recueillit à Saint-Satur, près de Sancerre, une

  1. S’il fallait prendre au sérieux le passage où il parle des indulgences qu’il a rapportées de Rome, il faudrait croire qu’il passa même les monts ; mais ce n’est qu’une plaisanterie : un tel voyage aurait laissé bien d’autres traces dans son œuvre.