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FRANÇOIS VILLON.

piquant dû à la répétition des rimes, un charme particulier quand le refrain est adroitement et comme nécessairement amené. Villon a excellé dans cette forme, qui convenait à son génie et qu'il a pour toujours marquée de son empreinte. Elle lui était pour ainsi dire tellement imposée par l'usage de son temps qu'il n'y avait guère moyen que, pour composer de petites pièces, il songeât à en choisir ou à en inventer une autre. Quant au rondeau, il en a fait peu d'usage, et nous pouvons le négliger ; cette forme brève et sautillante a d'ailleurs dans la poésie des xIVe et xVe siècles une importance très secondaire.

La ballade, nous l'avons dit, prend tous les styles et traite tous les sujets : elle est volontiers moralisante, satirique ou simplement facétieuse ; elle se prête même parfois (comme chez Deschamps) à enfermer de courts apologues. Mais la matière principale en est l'amour. L'amour, dans l'école de Machaut, n'est plus l'amour « courtois » de la poésie lyrique des xIIe et xIIIe siècles ; mais il n'est pas moins conventionnel : il est éminemment « galant ». Le poète se plaint, sans se lasser, des rigueurs de sa dame et l'assure de sa sincérité et de sa discrétion ; il dépeint ses sentiments à l’aide d'allégories aussi ingénieuses que possible ; il met perpétuellement en scène tout ce petit peuple de personnifications sentimentales que le Roman de la Rose avait lancé dans le monde et dont on ne pouvait plus se passer ; il fait dialoguer son cœur et ses yeux. Amour et Raison ; il argumente, il développe, il subtilise. Telles sont presque toutes les ballades d'amour de Machaut, de