Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/138

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dur refus de pardon du pape et le blâme infligé par Dieu même à son représentant.

Cette chanson existe, sous des formes assez diverses, en haut-allemand, en bas-allemand, en néerlandais, en danois ; on la trouve dans des manuscrits et des imprimés des XVIe et XVIIe siècles ; on en a recueilli de nos jours, en Suisse et en Autriche, de précieuses variantes orales. Voici une traduction de ce naïf chef-d’œuvre que Heine mettait à côté du Cantique des Cantiques [1] :



Tannhäuser était un bon chevalier,
Et il désirait voir des merveilles ;
Il voulut entrer dans la montagne de Vénus,
Où elle est avec d’autres belles femmes.

Une fois qu’une année fut passée,
Ses péchés commencèrent à lui faire peine :
« Vénus, noble dame fine,
Je veux me séparer de vous.

– Sire Tannhäuser, je vous aime,
Vous ne devez pas l’oublier ;
Vous m’avez juré par serment
De ne pas vous séparer de moi.

– Dame Vénus, je ne l’ai pas juré,
Cela je le conteste ;
Si quelqu’un d’autre le disait,
J’invoquerais le jugement de Dieu.

– Sire Tannhäuser, que dites-vous là ?
Il vous faut rester parmi nous.
Je vous donnerai une de

  1. Je traduis la forme la plus ancienne, dont s’écartent peu les autres versions en haut-allemand, anciennement recueillies ; j’indiquerai en note quelques variantes des versions bas-allemande, néerlandaise, danoise et suisses.