Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/27

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Pied-de-Port, attendant Roland, qui était allé réclamer le tribut de Marsile, roi d’Aragon[1]. Près de ce cor sont deux masses ferrées, Tune de Roland et l’autre de Renaud[2], dont ils se servaient dans les batailles et qu’ils portaient attachées à leurs arçons… Il y a aussi un étrier de Roland, et ses brodequins, qu’on dit que chausse le vicaire quand il chante la messe aux grandes solennités.

Sortis de l’église, nous allâmes par la terre voir les antiquités : tout près de l’hospice[3], à l’occident, il y a une petite chapelle, que fît faire Charlemagne après la mort de Roland et des autres paladins… Elle est en forme de carré parfait, pas très haute, et elle est située au propre lieu où Roland, après la seconde bataille, se mit à genoux, et, à ce qu’on dit, tourné vers Roncevaux, pleura ses gens et dit entre autres paroles : « O triste, ô infortunée vallée, maintenant tu seras toujours ensanglantée[4] ! »

Enfin, voyant tous ses gens perdus, il se retira dans sa tente et prit le parti de sonner son cor ; il monta à la cime

  1. Le bon Laffî s’embrouille dans ses souvenirs : c’est Ganelon, et non Roland, qui était aller réclamer le tribut de Marsile, roi de Saragosse.
  2. Laffi se laisse ici influencer par les poèmes italiens, qui ont introduit partout Rinaldo : la seconde masse, qu’on montre encore, est attribuée à Olivier.
  3. Le texte porte : Fuori di detta Tema ad Occidenli quattro passi in circa, — ce qui parait altéré.
  4. Laffî raconte ici les derniers moments de Roland, surtout d’après le Morgante de Pulci, dont les derniers chants, imprimés à part sous le titre de Rotta di Roncisvalle, étaient très populaires.